• Tribune sur la pollution de l'air

    L'association Strasbourg Respire, à laquelle nous nous sommes associés vient de publier une tribune sur la pollution atmosphérique et sur les pollutions industrielles suite à la publication d'une analyse allarmante sur des enfants Strasbourgeois ; cela concerne tous les elsauviens puisque notre quartier en bordure de l'A35 est véritablement concerné par la pollution atmosphérique (sans oublier la pollution de la nappe phréatique par Elis il y a quelques années, pollution estimée à 25 ans par la DREAL). De plus, l'année passée, nous avions tenté de mesurer l'impact de la pollution de l'A35, mais les machines prêtées par l'ATMO n'étaient pas fiables.

    Mardi 24 novembre, plusieurs associations signataires de cette tribune ont discuté en visioconférence avec l'équipe en place et Jeanne Barseghian des pollutions aériennes notamment d'origine industrielles. Les associations ont rappelé leur impatience quant à de véritables mesures concernant la qualité de l'air à Strasbourg, à commencer par les pollutions d'origine industrielles. Certaines associations ont souligné le manque d'information quant aux fumées qui sortent des cheminées des usines sur Strasbourg et le manque de transparence et de dialogue avec les industriels par rapport à ce qui se fait en Allemagne. La mairie nous a répondu qu'elle ne pouvait pas faire grand-chose à ce niveau, car seul l'état est responsable de ces mesures de pollution, dont l'industriel est lui même en charge (ce qui est un comble et assure à l'industrie le statu quo et une quasi-impunité).

    La mairie nous a assuré ne renoncer en rien à son calendrier quant à l’avenir du diesel sur Strasbourg, mais cherche à s'accorder sur ce point avec les mairies de l'EMS et des villes ou villages alentour. Les associations ont insisté sur le fait que le chauffage à bois n'est pas suffisamment pris en compte dans la pollution atmosphérique et se sont demandé si les centrales à bois étaient vraiment une bonne idée.

    Nous avons enfin souligné le manque de moyens pour mesurer ces pollutions (les capteurs mis à disposition par l'ATMO l'année dernière sont considérés par l'ATMO elle-même comme non fiables ! On peut donc s'interroger légitimement sur l'intérêt de cette campagne de mesure qui ressemble surtout à une campagne de communication.

    La mairie a souligné l'importance de la démarche de Strasbourg Respire et de toutes les associations de quartier qui ont cosigné cette tribune pour faire avancer le débat. Nous leur avons répondu que la mairie devait elle aussi faire pression sur les industriels via les médias pour faire avancer les choses à son niveau et ne devait pas tout attendre des associations engagées dans ce débat.

    Le collectif pense interpeller la préfète prochainement pour continuer dans ce sens.

     

    Tribune : Diesel : des millions de particules dans le corps d’enfants strasbourgeois

    Une étude, menée pour la première fois en France, démontre la présence massive de nanoparticules toxiques chez une vingtaine d’enfants à Strasbourg. Plus d’1 million de particules ultrafines par millilitre d’urine, issues de la pollution principalement diesel, ont été retrouvées.

    Les nanoparticules (ou particules ultrafines), sont les plus dangereuses pour la santé, augmentant considérablement le risque de cancer et de maladies cardiovasculaires (principalement le risque d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus) mais aussi franchissant le placenta avec des répercussions sur le fœtus. Les nanoparticules dosées dans cette étude sont des particules carbonées qui proviennent en ville majoritairement du parc diesel et qui ont été dosées dans les urines grâce à la mesure d’un de leurs composants: le black carbone.

    Si ces nanoparticules sont encore peu mesurées dans l’air ambiant, la nouvelle étude conduite par l’équipe du professeur Tim Nawrot dresse un constat édifiant du niveau de pollution liée aux nanoparticules à Strasbourg et révèle surtout un lien significatif entre le taux de particules dans les urines et la distance d’habitation de l’enfant par rapport à un axe routier. Les taux mesurés dans les urines d’enfants strasbourgeois sont superposables à ceux retrouvés sur de précédentes études dans les urines d’enfants résidants à Anvers (Belgique)[1].

    Ces millions de particules retrouvées dans les urines d’enfants résidant dans différents quartiers de Strasbourg, sont des particules de combustion (diesel, bois, charbon..) qui sont composées de carbone pur (black carbone) au centre de la particule et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques et de métaux à la surface de la particule. Ces particules carbonées sont les plus toxiques de par leur composition, et de par leur taille (particules ultrafines – nanoparticules - de moins de 0,1 µm) qui leur permet de franchir la barrière pulmonaire et d’atteindre tous les organes. Dans les métropoles françaises, la source principale de ce type de particules est le parc diesel - l’essence n’émettant pas ou très peu de black carbone -, ainsi que le chauffage au bois l’hiver et les industries de type incinération et papeterie par exemple.

    A noter que des taux encore bien plus importants ont été retrouvés dans les villes les plus polluées de Pologne en raison notamment des centrales à charbon, mais au-delà des taux de particules retrouvées, cette étude souligne surtout l’importante inégalité d’exposition des enfants avec des taux significativement plus élevés pour les enfants qui résident à proximité d’un axe routier à Strasbourg. En effet, les taux de particules mesurés sont directement proportionnels à la distance de l’habitation par rapport à un gros axe routier.

    Enfin, rappelons qu’il n’existe pas d’effet de seuil concernant l’effet des particules fines sur la santé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de niveau en dessous duquel il n’y a pas d’effet, ainsi, une exposition – même à de faibles quantités de particules - sur plusieurs années aura un impact considérable sur la santé.

    Nous appelons donc les pouvoirs publics à intensifier les mesures de lutte contre la pollution de l’air en :

    -mettant en place des zones à faibles émissions excluant les véhicules diesel

    - réduisant les émissions du chauffage collectif ou individuel au bois

    - renforçant le contrôle et les sanctions sur les émissions industrielles comme l’ont rappelé plusieurs associations et médecins lors d’une récente tribune[2].

     Rappelons enfin que la pollution de l’air est responsable de plus de 15% des décès liés au COVID-19. Dans le contexte sanitaire actuel, la lutte contre la pollution de l’air est urgente et ne peut être encore retardée.

    1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28686472/

    [2] https://www.francebleu.fr/infos/environnement/pollution-de-l-air-une-tribune-pour-reclamer-plus-de-controles-des-emissions-industrielles-a-1603204892


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